Je rappelle pour les néophytes que la phobie est une pathologie mentale appartenant au registre de la névrose. Elle consiste en un déplacement du conflit. Ainsi donc, un homme a un problème grave et intime, avec un membre du sexe opposé, de sa famille, ou de son cercle amical. Mais voilà, cet homme est un lâche... incapable qu'il est d'affronter ce problème ou ce conflit, il va rediriger toute sa méfiance et toute sa haine vers une catégorie de personne ou même d'animaux qui n'y sont pour rien. L'homme atteint de phobie s'en prend toujours à des innocents.
Par exemple, un homme qui a la phobie des grenouilles n'a pas peur en réalité des grenouilles, bien qu'il en donne l'impression et qu'il soit tout à faire sincère lorsqu'il dit redouter les grenouilles. En réalité, notre phobique des grenouilles ne s'est jamais remis des baffes que lui mettait son père alors qu'il portait encore des grenouillères.
Un islamophobe, c'est pareil, sauf qu'au lieu de s'en prendre aux grenouilles, il s'en prend aux pieux et sages musulmans. Idem pour l'homophobe qui répercute le plus souvent son homosexualité refoulée par une homophobie agressive, à croire que notre homophobe cherche désespérément à créer un contact physique avec l'homosexuel ?
Idem pour le xénophobe qui donne l'impression d'avoir peur de l'autre, mais en réalité il a peur de lui-même puisqu'il s'agit, cela va de soi, d'un bas du front. Comprenez qu'un bas du front n'est pas capable de survivre à la richesse culturelle que lui apporte l'étranger. C'est en fait de sa propre insuffisance, de sa propre vacuité dont le xénophobe a peur.
Le diagnostic est limpide : ces gens qui n'aiment pas les musulmans, les homos, ou les étrangers, sont en fait de grands malades. Leurs opinions n'ont aucun sens à moins de les replacer dans leur contexte proprement pathologique.
Un détail me chiffonne cependant. Puisque ces gens, les réacs' pour ne pas les nommer, sont de grands malades, pourquoi s'empresse-t-on, le plus souvent à grand renfort médiatique, de les condamner ?
Le cancer, le sida, ou même les serial killers sont-ils dénoncer, condamner ? Pas vraiment. On donne pour la lutte contre le cancer et le sida, mais on fait bien attention de ne pas stigmatiser les cancéreux et les porteurs du VIH. Ces derniers sont des victimes qu'il convient d'accueillir parmi nous. Le cas du serial killer est édifiant. Non seulement, on est fasciné par leurs tueries au point de les reproduire maintes et maintes fois par l'intermédiaire du cinéma et de la télévision, mais ce n'est pas tout. Tous les serial killer, une fois interpellés et emprisonnés, je dis bien tous les serial killer reçoivent des lettres d'amour et des demandes en mariage de femmes qui donneraient leurs vies pour ces ordures.
En attendant, le réac' est dénoncé et condamné pour ce qu'il est. Personne ne cherche à le guérir de ses phobies malvenues. Bien au contraire, on évite sa présence, on le regarde d'un mauvais œil, on pourrit sa boîte aux lettres, lui, ce sale réac' dont les actes et les paroles nous rappellent les heures les plus sombres de notre histoire. Aux antipodes du noble statut de victime, le réac' n'est jamais très loin de subir un lynchage en bonne et dû forme.
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